Et sinon, comment ça va ?
Lorsqu’un pinpin s’en va vivre pour une longue période dans un pays étranger, la première chose qu’on demande (et vous serez d’accord avec moi) c’est : CA VA ? TU T’ADAPTES ? TU N’ES PAS TROP TRISTE ?
Jusque là j’ai été très descriptif dans mes articles, montrer, faire partager. Alors ce coup-ci ca va être un peu plus introspectif. Qu’on se rassure, nulle question que j’étale mes états d’âmes comme c’est trop souvent le cas dans les blogs (que je deteste tant) « ma vie, moi, ma vie, mon moi et moi, et encore moi».
Non, mais il est temps de parler vécu.
Car, qu’on se le dise, ce n’est pas tous les jours facile. Il ne faut pas prendre ce blog comme thermomètre de mon moral, car je ne poste que le meilleur et donc, le plus intéressant et le plus joyeux. « ah JF s’est bien amusé au parc d’attraction, donc il va super bien » Et non pas forcément .
Dans de telles circonstance, on ne peut échapper à une certaine forme de solitude, celle de l’étranger. Qui plus est, les débuts de séjours sont souvent les plus difficiles. On veut mais on peut à moitié.
On ne maîtrise pas la langue, on comprend mal, on voit tous ces japonais s’amuser, rigoler, préparer des choses, agir, mais ta place à toi, c’est celle d’un spectateur. Et lorsque je les vois (comme c’est le cas en ce 18 et 19 Novembre, jour de grande fête étudiante avec plein de spectacles) organiser, courir partout dans la fac qu’ils connaissent comme leur poche et s’amuser, y a comme une pointe dans le cœur. C’est tellement facile et naturel pour eux.
On voudrait en faire partie et non pas seulement se contenter d’un «ohh c’était super !».
Lorsque la fête prend fin, on devine les plans qui s’improvisent à droite à gauche, les soirées rigolades, mais toi, tu rentres gentiment dans ton appart, sous la pluie (véridique ) et dans le froid.
A celà je répondrais : chaque chose en son temps, mais la patience fait parfois défaut.
Autre chose, les études. Le rythme est très rapide, les cours intenses, sans oublier ces fameux «putain de tests » chaque Mardi. Japon, pays du travail, ce n’est pas une légende.
Je suis sans arrêt fatigué, l’effort cérébral est épuisant, et c’est 24h sur 24.
Je me suis réveillé la nuit dernière suite à un rêve. Lequel était-il ? Je rêvais que j’apprenais des kanjis . Je me rappelle avoir pesté un «mais putain laissez moi dormir!» avant de me rendormir. Et oui, même la nuit ça travaille.
Chaque jours pratiquement, c’est migraines, assoupissement en cours, déphasé, tête qui tourne.
Heureusement, je ne me fais plus dévorer par les insectes (moustiques et parasites vivant dans les tatamis) donc je peux commencer à faire de bonnes nuits. Ce qui n’était pas le cas jusqu’à la semaine dernière ou je me réveillais quasiment toutes les nuits pour faire la chasse aux moustiques (présents toute l’année à Beppu). Et c’est insupportable, j’avais envie de hurler au Japon tout entier : « Mais putain je trime toute la journée, laisse moi au moins dormir la nuit !!!!! »
Haha ca vous fait rire hein
Pas moi
Pour ce qui est de la quantité du travail, je le savais, et j’ai moi-même choisi de passer en classe supérieure, alors j’assume. Mais merde, vivement les vacances. Peu de place pour les loisirs, j’ai du faire un break avec la natation. Les japonais découpent méticuleusement le temps. C’est la clé pour gérer son temps. Il me faut jongler avec les plages horaires et instaure un temps pour chaque chose. Sauf que parfois on a pas vraiment envie de courir après des objectifs donnés, mais plutôt de laisser un peu de temps couler pour se détendre.
Ne pensez pas que je me plains hein, loiiiiiiiiin de là. Je raconte. Toutes les conditions sont là pour un voyage inoubliable. Car l’accueil est fantastique.
Et ce n’est pas forcément le cas de tout le monde. Il arrive que certaines personnes qui partent plein d’espoirs à l’étranger soient un peu déçues, par exemple, par l’indifférence des locaux, la sensation d’être tout le temps mis à l’épreuve, et bien d’autres désagréments. Ici on me tend la main, on est patient, on me sourit et on me pose des questions. Donc tout roule non ?
Y a rien de pire pour un étranger qui est parti de son propre choix de manquer de considération et de ne pas être reconnu. A Beppu, c’est loin d’être le cas, et donc un grand merci à ces chers japonais. A commencer Par M. UENO (le fiancé de mon amie Yoko) qui est extraordinaire et incroyablement gentil. Et Madame INOUE (la directrice de l’échange au Japon), qui nous propose souvent avec Alia, de passer dans son bureau et qui nous donne toujours beaucoup d’occasions d’agir (parfois un peu trop même, car c’est souvent du travail qu’elle nous donne lol ). Et tous les professeurs (sans exception) sont très pédagogues, patients et adorables.
(ouh là c'est hypnotique cette ribambelle de bébés yoshi )
La fatigue aïgue (comme je la traverse en ce moment) est pleine de vices et est difficile à gérer et à ameunuiser. Fatigué on ne peut rien faire (voir plus haut), et on peut même plonger dans un état presque dépressif, las, avec une grande sensation de faiblesse et de vide. Donc c’est un peu l’humeur en oscilloscope mais je ne veux surtout pas rentrer. Dans le fort intérieur, c’est plus souvent le soleil que les nuages gris. Ce voyage sera mené jusqu’à son terme, l’échec n’est pas prévu au programme .
Enfin, la correspondance avec les proches est importante, c'est toujours un immense plaisir de recevoir des nouvelles, et la plupart (vous attesterez) je prend le temps d'écrire de longs mails (je m'y efforce) et de considérer tout ce que vous me dites.
Je sais que certaines personnes qui consultent ce site pensent à partir à l'étranger, voici un petit échantillon de ce qui peut vous traverser, mais ce n'est en aucun cas représentatif. Car chaque personne le vivra différemment, à sa façon. Ne pas oublier qu'à terme, c'est une expérience phénoménale et très fortifiante. J'ai hate de pouvoir vérifier ça, l'an prochain.
Jeff